L'Armée de terre russe, officiellement nommée les Forces terrestres de la fédération de Russie (en russe : Сухопутные войска Российской Федерации, Suhoputnye voyska Rossiyskoy Federatsii), est la composante terrestre des Forces armées de la fédération de Russie. Elle a été créée le à la suite de la dissolution de l'armée de terre soviétique.
Organisation
Les Forces terrestres russes sont structurées pour son administration en plusieurs armes, que sont les troupes de fusiliers motorisés, les troupes de chars, les troupes de missiles et d'artillerie (abrégé en russe avec РвиА), les troupes de défense aérienne terrestres (ПВО СВ), les troupes de reconnaissance, les troupes du génie (ИВ), les troupes de défense NBC (РХБЗ), les troupes de transmissions, les troupes de guerre électronique (РЭБ), les troupes d'opérations informationnelles et les troupes de soutien logistique (MTO), ces dernières comprenant aussi les troupes ferroviaires (ЖДВ), les troupes automobiles (АВ), les troupes routières (ДВ) et les troupes de pipeline (ТрВ). N'en font pas partie la Garde nationale qui dépend directement du gouvernement, les forces spéciales du GRU, les troupes aéroportées (ВДВ) et la police militaire qui dépendent du ministère de la Défense, l'infanterie de marine et les troupes côtières (БВ ВМФ) qui dépendent de la marine, ainsi que les régiments d'aviation de l'armée (des régiments d'hélicoptères) et la défense aérienne et antimissile qui dépendent des forces aérospatiales.
Pour le contrôle opérationnel, les unités sont réparties en plusieurs grandes unités mélangeant les différents types de troupes pour qu'elles puissent mener un combat interarmes. En 2006, l'armée de terre russe comptait 395 000 hommes répartis entre trois divisions de chars (le nom russe pour les divisions blindées), seize divisions de fusiliers motorisés (d'infanterie mécanisée) et six divisions de mitrailleuses et d'artillerie (statiques). L'organisation qui comptait quatre niveaux de commandement (district, armée, division et brigade) a été simplifiée en ne conservant que trois (commandement stratégique, armée et brigade) lors de la réforme de 2008-2010, avec l'objectif de supprimer complètement l'échelon division transformé en autant de brigades. Le remplacement de Serdioukov par Choïgou à la tête du ministère en 2012 correspond à un retour en arrière, avec gonflement des effectifs, plusieurs divisions étant recrées : en 2013, les 2e de fusiliers et 4e de chars ; en 2016, les 3e de fusiliers, 42e de fusiliers, 90e de chars, 144e de fusiliers et 150e de fusiliers ; en 2018, la 127e de fusiliers ; en 2020, les 19e de fusiliers et 18e de fusiliers ; en 2021, la 20e de fusiliers ; en 2022, la 47e de chars.
Au début de 2022, juste avant qu'elles soient lancées dans l'invasion de l'Ukraine, les Forces terrestres russes comprennent :
- onze divisions (Дивизии, sans compter les deux des troupes côtières et les quatre aéroportées) :
- huit de fusiliers motorisées (мотострелковых : 2e, 3e, 19e, 20e, 42e, 127e, 144e et 150e), comprenant chacune un à deux régiments de chars, un à deux régiments de fusiliers motorisés, un régiment d'artillerie, éventuellement un régiment de défense aérienne et un bataillon de reconnaissance ;
- trois de chars (танковые : 4e, 47e et 90e), composées chacune de deux régiments de chars, un régiment de fusiliers motorisés, un régiment d'artillerie, un régiment de défense aérienne et un bataillon de reconnaissance ;
- quatre bases militaires (военные базы : 4e en Ossétie du Sud, 7e en Abkhazie, 102e en Arménie et 201e au Tadjikistan) et un « groupe opérationnel des forces russes en Transnistrie » ;
- 114 brigades (Бригады, sans compter les 17 des troupes côtières et les trois aéroportées) :
- 20 de fusiliers motorisés (мотострелковых, dont une « de couverture », прикрытия), comprenant chacune trois bataillons de fusiliers motorisés, un bataillon de chars, un bataillon de reconnaissance, deux bataillons d'artillerie, un bataillon de lance-roquettes, un bataillons antichars, deux bataillons de défense aérienne, un bataillon de génie, une compagnie de guerre électronique et une compagnie NBC ;
- une de chars (танковая), comprenant trois bataillons de chars, un bataillon de reconnaissance, un bataillon de fusiliers motorisés, un bataillon d'artillerie, un bataillon de lance-roquettes, deux bataillons de défense aérienne, un bataillon du génie, une compagnie de guerre électronique et une compagnie NBC ;
- 14 d'artillerie (артиллерийских) ;
- 4 de lance-roquettes (реактивные артиллерийские, « d'artillerie à réaction ») ;
- 13 de missiles (ракетных) ;
- 19 de transmissions (управления и связи, « de gestion et communication ») ;
- 5 de défense NBC (Войска радиационной, химической и биологической защиты) ;
- 5 de guerre électronique (радиоэлектро́нной борьбы́) ;
- 15 de missiles antiaériens (зенитных ракетных) ;
- 2 de reconnaissance (разведывательные) ;
- 5 du génie (инженерных) ;
- 10 de logistique (Бригада материально-технического обеспечения, МТO, « de soutien matériel et technique ») ;
- et une de police militaire (бригада военной полиции).
- 21 bases de stockage d'armes et d'équipements (база хранения вооружения и техники, des stocks pré-positionnés, chacune pouvant servir d'unité-cadre pour reformer une brigade ou une division).
Districts militaires et armées
Les brigades, bases militaires et divisions sont regroupées dans douze armées des Forces terrestres elles-mêmes affectées en 2023 aux cinq districts militaires en Russie (cf. schéma) chacun sous un commandement stratégique opérationnel regroupant les unités terrestres, maritimes et aérospatiales, :
- district militaire ouest, avec son état-major situé à Saint-Pétersbourg ;
- district militaire sud, avec son état-major situé à Rostov-sur-le-Don ;
- district militaire central, avec son état-major situé à Iekaterinbourg ;
- district militaire est, avec son état-major situé à Khabarovsk ;
- district militaire nord, avec son état-major situé à Severomorsk.
La ventilation des armées entre les différents districts est présentée dans le tableau ci-dessous (les 11e, 14e, 22e et 68e corps d'armée dépendent des troupes côtières de la marine russe) :
Effectifs
L'Armée de terre disposait en 2019 de 280 000 hommes auxquels s'ajoutent 45 000 parachutistes. L'armée comprenait en 2014 un contingent minoritaire de 80 000 conscrits selon l'IISS. L'armée de conscription n'est pas abandonnée, mais les différentes réformes en ont fait une armée majoritairement composée de contractuels. La médiocre qualité de son personnel est un des points faibles de l'armée russe.
En conséquence des difficultés russes dans la guerre russo-ukrainienne, plusieurs mesures ont été prises pour maintenir les effectifs (en remplaçant les lourdes pertes) voire les augmenter (création du 3e corps d'armée) : appel aux volontaires (une partie versés dans les bataillons de volontaires (ru) à recrutement régional), recrutement dans les prisons (pour les détachements « Storm-Z », en échange d'une remise de peine), recours à des sociétés militaires privées (des mercenaires), mobilisation de réservistes et levée de conscrits. Chaque année, les Forces armées russes reçoivent des conscrits faisant un service d'un an ; leur levée se fait sur deux périodes, au printemps et à l'automne, concernant des hommes âgés entre 18 et 27 ans. Au printemps 2021, la levée est augmentée, concernant 134 500 personnes (sur une classe d'âge d'un peu plus d'un million d'hommes).
L'oukase présidentiel no 647 du « sur l'annonce de la mobilisation partielle dans la fédération de Russie » ordonne la levée de 300 000 réservistes. Selon une déclaration de Vladimir Poutine en mars 2023, « Sur les 300 000 combattants qui ont été mobilisés, 150 000 sont présents dans la zone des opérations, soit la moitié. Sur ces 150 000 qui sont dans les formations, seuls la moitié d'entre eux, soit 77 000, sont présents directement dans la zone ». Toujours en septembre 2022, l'annexion du Donbass a comme conséquence l'intégration des milices séparatistes de Donetsk et de Lougansk (qui avaient procédé à une mobilisation générale dès le ) dans les Forces terrestres russes, formant ainsi les 1er et 2e corps d'armée.
Par l'oukase du , la conscription du printemps passe à un total de 147 000 hommes à lever entre le et le . Théoriquement, ils ne doivent pas être déployés sur le front ukrainien, sauf s'ils sont volontaires. Selon les Forces armées ukrainiennes, les conscrits subissent des pressions pour signer un engagement et devenir des militaires professionnels. En début août 2023, l'agence Tass annonce le recrutement d'un total de 230 000 contractuels depuis janvier ; en début septembre, le chiffre atteint 280 000 (ces chiffres concernent l'ensemble des forces armées).
Équipements
Au XXIe siècle, l'armée russe détient encore des milliers de chars et d'engins blindés en réserve, datant de l'époque soviétique. Mais ces engins, bien que servant de pièces détachées, ne sont en grande partie plus opérationnels.
- Chars de combat
- Véhicules de combat et de transport d'infanterie blindés
- Artillerie
- Missiles balistiques
- Défense anti-aérienne
Historique
Historique des opérations
- 1992 : guerre civile de Moldavie (14e armée)
- 1992-1997 : guerre civile du Tadjikistan
- 1992 : conflit en Ossétie du Nord de 1992
- 1992-1993 : guerre d'Abkhazie
- 1993 : crise constitutionnelle russe
- 1994-1996 : première guerre de Tchétchénie
- 1995-1996 : Implementation Force (IFOR)
- 1996-2004 : Stabilisation Force (SFOR)
- 1999-2009 : seconde guerre de Tchétchénie
- 2006 : mission des Nations unies au Soudan
- 2008 : deuxième guerre d'Ossétie du Sud
- 2014-2022 : guerre du Donbass
- 2015 - en cours : intervention militaire de la Russie en Syrie
- 2022 - en cours : invasion russe de l'Ukraine
Réformes
À la fin de l'ère soviétique, la Russie s'est retrouvée avec un important stock d'armes en tout genres mais avec très peu de moyens pour les entretenir. Passée la dure période des années 1990-2000, le gouvernement lance le programme de réarmement 2007-2015 qui prévoit principalement l'achat de nouveaux matériels et dans une moindre mesure, la mise à niveau des anciens. L'armée russe (toutes branches confondues) est structurellement à l'heure de la modernisation par la professionnalisation de son contingent, et donc à la diminution globale de ses effectifs. De 4 à 5,3 millions de soldats et officiers dans les années 1980, elle passe à 2,1 millions en 1994, 850 000 en 2003, et 1 027 000 en 2006.
En 2007, 50 % des sergents et recrues sont ainsi professionnalisés. Il est prévu qu'un quart des effectifs soient placés sous contrat en 2008. Cette réforme concerne également l'organisation des académies militaires : de 79 écoles en 2004, 57 seulement seront ouvertes en 2008 avec une tendance à la spécialisation pour retenir les jeunes officiers.
En 2012, quelques jours avant les élections présidentielles du 4 mars, le premier ministre Vladimir Poutine annonce un vaste plan de modernisation des forces armées russes, pour plus de 500 milliards d'euros lors de la décennie à venir. Le budget en 2013 est annoncé à 2 346 milliards de roubles (près de 59 milliards d’euros), soit une hausse de 25,8 % comparé à 2012. La progression sera ensuite de 18,2 % en 2014 et de 3,4 % en 2015. Les districts militaires ont été à plusieurs reprises redécoupés. Dans les années 2010 les forces terrestres étaient affectés à six districts :
- le district militaire de Moscou (Московский, Moskovsky) ;
- le district militaire de Léningrad (Ленинградский, Leningradsky) ;
- le district militaire du Caucase du Nord (Северо-Кавказский, Severo-Kavkazsky) ;
- le district militaire Volga-Oural (Приволжско-Уральский, Privolzhsko-Uralsky) (il inclut la 15e brigade de fusiliers motorisés, qui a participé à l'exercice « Normandie-Niemen 07 » en avril 2007 avec la 1re brigade mécanisée) ;
- le district militaire sibérien (Сибирский, Sibirsky) ;
- le district militaire d’Extrême-Orient (Дальневосточный, Dalnevostochny).
Grades et insignes
- Officiers
- Enrôlé
Notes et références
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Forces armées de la fédération de Russie » (voir la liste des auteurs).
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Russische Heer » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
Bibliographie
- Philippe Gros et Vincent Tourret, Guerre en Ukraine : analyse militaire et perspectives, Fondation pour la recherche stratégique, , 86 p. (lire en ligne [PDF]).
- Isabelle Facon, La nouvelle armée russe, Paris, l'Inventaire, coll. « Les carnets de l'Observatoire », , 121 p. (ISBN 978-2-35597-039-9).
- Isabelle Facon, « La menace militaire russe : une évaluation », Les Champs de Mars, no 29, , p. 31 à 57 (lire en ligne).
Articles connexes
- Armée rouge
- Numéro d'unité militaire
- Groupe tactique de bataillon
- Titre honorifique des unités soviétiques et russes
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